Age de l'animal / Animal's age
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À propos de l'animal / About
Feu Serge, de son vrai nom Sergetremblay, a connu une existence peu banale avant de poser ses pattes chez moi.
Avant que je ne le recueille, il fut successivement mascotte de bureau, compagnon silencieux d’un homme en détresse (qui mit fin à ses jours sous ses yeux), puis fardeau pour un certain Simon, épuisé par les sérénades rauques et nocturnes du siamois pur souche.
C’est ainsi, au terme de cette errance de chat de luxe négligé, qu’il est devenu Serge tout court, dit Sergio, Sergueï, Poopsht, Poopsie Poops, Mon petit garçon.
Pendant près de douze ans, Serge a illuminé ma vie d’une présence rare. Son ronronnement profond, ses sourires, ses mimiques pleines de sens et de tendresse me sont devenus essentiels.
À la fois brillant et délicieusement niais, il incarnait une curiosité vive, une affection inépuisable, une exigence douce, et une bonté désarmante. Il était bisouteur délicat, masseur appliqué, gourmand enthousiaste, affligé, hélas, d’une fragilité gastrique chronique qui n’épargna ni lui ni moi.
Toujours volontaire, toujours là, Serge vivait collé à mes pas, au point que je lui marchais souvent sur la queue ou les pattes. Jamais il ne m’en tint rigueur. Fidèle, chaque soir, il venait s’endormir contre mon cœur, niché sous les couvertures, sa petite tête reposant sur mon épaule.
Explorateur infatigable, Serge aspirait à sortir, qu’il en ait la permission ou non. Ni les rhumatismes, ni la fatigue, ni la maladie n’ont entamé sa volonté de brouter les graminées ou de savourer un brin de cataire. Jusqu’aux tout derniers jours, nous avons marché côte à côte dans la ruelle, dans une dignité muette.
Serge a laissé une empreinte profonde sur mon existence. Gentil, loyal, terriblement attachant, il a réellement pris soin de moi. Et mieux encore : il a su, à sa manière, apprendre à Cyril, son frère tourmenté venu de la SPCA, à devenir un chat heureux.